Balade sur une butte forestière, la forêt de Montmorency
« Je comptais bien que la forêt de Montmorency, qui était presque à ma porte, serait désormais mon cabinet de travail », écrit Jean-Jacques Rousseau dans Les Confessions. Lassé de la vie mondaine, l’écrivain vit alors retiré dans le village de Montmorency (Val-d’Oise) et profite des charmes du massif de 2.000 hectares perché sur une butte et de ses chemins propices à la balade et la rêverie. Un siècle plus tard, c’est-à-dire fin XIXe, après la création de la ligne de chemin de fer Paris-Lille, les Parisiens suivent les traces du philosophe et commencent à venir en nombre profiter de la forêt de Montmorency, de ses sentiers, ses clairières, ses petits ruisseaux, ses étangs et ses recoins. Notre parcours, succession de petits chemins et d’allées plus dégagées, permet de saisir toute la beauté des lieux. Et si la foule se presse souvent le week-end autour de l’étonnant château de la Chasse, les nombreux chemins permettent de très vite regagner des coins tranquilles.


Comment me rendre au départ de la balade ?
Adresse
Place de la Gare95200 Saint-Brice-sous-Forêt
Horaires
4 heures de parcours sur 14,5 km km entre la gare de Sarcelles-Saint-Brice (Ligne) et la gare de Saint-Leu-la-Forêt (Ligne H).
Types de sol : Sentiers forestiers (80%), trottoirs (20%).
Petit mémo
Petit mémo
Première étape. De la gare de Sarcelles-Saint-Brice à Saint-Brice-Sous-Forêt
Dès le Boulevard de la Gare, impossible de la rater : la forêt domine tous les alentours. On quitte Sarcelles-Saint-Brice pour la bien nommée commune de Saint-Brice-sous-Forêt, dont le passé agricole est encore largement visible. On y longe d’anciennes fermes et vergers, apercevant ici ou là des cours pavées, un pigeonnier ou une imposante fontaine publique. Jusqu’au début du XXe siècle, Saint-Brice exportait fraises et poireaux par wagons entiers dans toute la France.
C’était également une destination de villégiature et de repos, ce dont attestent quelques belles maisons 1900 et les enceintes d’anciens domaines aristocratiques. La romancière américaine Edith Wharton, Prix Pulitzer du Roman pour Le Temps de l'innocence en 1921, a longtemps vécu ici, dans une ravissante propriété du XVIIIe siècle. On aperçoit dans les jardins des maisons contemporaines quelques cerisiers dont on espère qu’ils sont de la variété locale, les griottes de Montmorency, dont on a longtemps tiré confitures et eau-de-vie réputées. Au XIXe siècle, les Parisiens en goguette louaient des cerisiers à l’heure, pour se délecter de leurs fruits.
Deuxième étape. Entre vergers et forêt
Rue de la Planchette, entre deux bâtiments, se trouve un trou de souris qu’il ne faut en aucun cas manquer : par le Chemin du Regard débute l’ascension du Mont-de-Veine. En quelques mètres, on quitte la ville pour se retrouver sur un sentier campagnard, au milieu des vergers et des prés. Le chemin perd bientôt son revêtement de bitume pour un pavage que l’on devine ancien. Les randonneurs chanceux pourront entendre le cri du coq ou voir paître les vaches d’une ferme voisine. Une fois parvenus en haut de la colline, on aperçoit en contrebas la ville et ses zones commerciales. Tout cela paraît loin ! Ici, on cultive encore la cerise sur des arbres taillés bas, ainsi que la précieuse pivoine. Par un ravissant sentier creux entouré de haies épaisses, on quitte la butte agricole pour la forêt, tout aussi soudainement que l’on avait quitté la ville un peu plus tôt.

Troisième étape. De la lisière de la forêt jusqu’à son cœur
Dès le Chemin de la Grande Allée, on découvre les premières châtaigneraies qui font la spécificité du massif de Montmorency. Si le chemin est droit, il n’est pas pour autant plat, à l’image de cette forêt vallonnée. Un court passage nécessite de longer deux routes, heureusement pourvues de trottoirs ou de bas-côtés praticables – mais la prudence reste de mise, car les voitures roulent vite. La Route Stratégique que l’on suit un moment dessert le Fort de Domont, un des éléments du dispositif défensif construit autour de Paris après la guerre de 1870, et qui est toujours occupé par l’armée : les commandos de marine y feraient des stages d’aguerrissement. Plus loin, on passe devant l’entrée d’une ancienne carrière : sous la forêt se cache la plus grande réserve de gypse de France, et le sous-sol de Montmorency est toujours exploité. Une route souterraine permet aux camions d’extraire le matériau dont on tire le plâtre. Près d’un carrefour se dresse un calvaire : il faut prendre le chemin qui part à sa droite, le long d’un golf. On retrouve la forêt, on ne la quittera plus.

Quatrième étape. Du château de la Chasse à Saint-Leu-la-Forêt « l’impériale »
Le château de la Chasse est le monument emblématique de la forêt de Montmorency, là où de nombreux monarques, comme François Ier, Louis Bonaparte ou encore le Tsar Alexandre Ier de Russie, ont dormi. Devenu maison forestière, le château accueille aujourd’hui des expositions et des ateliers scolaires. Ses alentours, et notamment les berges du ruisseau du Petit Moulin, sont très appréciées des familles, des cyclistes et des randonneurs.
Empruntant des chemins plus calmes, on prend la direction d’un autre rendez-vous de chasse, devant lequel on parvient au prix d’une petite ascension : la Tour du Plumet est le dernier vestige d’un domaine créé en plein cœur de la forêt par un riche aristocrate du XIXe siècle, avec une grotte artificielle, des canaux, un chalet, un kiosque chinois et trois tours, dont celle du Plumet. Cette dernière, sauvée de la ruine et restaurée par un opérateur télécom, est désormais un relais téléphonique. Un peu plus bas, on contourne l’étang Marie et on quitte la forêt par le Chemin de Madame, nom donné à la Reine Hortense, belle-sœur de Napoléon Ier, et qui avait acquis un domaine à Saint-Leu-la-Forêt. C’est ainsi que la dynastie des Bonaparte s’est enracinée sur les ravissants coteaux sud de la forêt de Montmorency. Dans la crypte de l’église paroissiale de Saint-Leu se trouve notamment la tombe de Louis Bonaparte, éphémère roi de Hollande, frère de Napoléon 1er et père du futur Napoléon III. La crypte peut se visiter sur rendez-vous (téléphonez par avance au Syndicat d’initiative : 01 39 95 63 04). Le parcours s’achève devant la gare de Saint-Leu-La-Forêt, aux étonnants décors à colombage et clochetons.
